avril 26, 2018 · Non classé · (No comments)

De passage à Berkeley pour un déplacement professionnel, je me suis offert une petite gâterie. Pas le genre de gâterie dont « ma mère m’a interdit de parler ici », puisqu’il s’agissait d’un vol en hélicoptère. J’ai ainsi fait la découverte d’un monument d’un point de vue pour le moins original : le château de Berkeley depuis les airs. Cet édifice a pour le moins une longue (et sombre) histoire, comme me l’a expliqué mon pilote et guide (enfin, si j’ai bien compris ses propos, son accent étant à couper au couteau). Pour vous donner un aperçu, c’est la forteresse dans laquelle Édouard II fut mis à mort, et dans ces murailles que l’armée d’Olivier Cromwell perça une brèche (que l’on voit encore), et qui est devenue au fil des siècles la demeure de l’une des plus vieilles familles d’Angleterre. Ce château, dans lequel on pénètre par un pont enjambant les douves, date de l’époque de Henri Ier. Il domine les terres planes qui se déroulent à l’est de la Severn. Les Berkeley eux-mêmes descendent de Robert Fitzharding, un riche marchand de Bristol qui finança le roi Henri II et en fut récompensé par l’octroi de la seigneurie de Berkeley. On doit à Fitzharding l’impressionnant donjon construit dans les années 1150. En 1327, Edward II fut enfermé dans ces murs après sa déposition (la théorie de son évasion et de sa fuite vers l’Italie n’est, justement, qu’une théorie). Le seigneur de Berkeley était à l’époque le gendre et l’allié fidèle de Roger Mortimer, instigateur du coup perpétré contre le roi. Celui-ci fut enfermé dans la sinistre oubliette que l’on voit encore aujourd’hui, avant d’être affreusement mis à mort à l’aide d’un tisonnier chauffé à blanc. Lord Berkeley paya un char tendu de noir afin de transporter le corps jusqu’à la cathédrale de Gloucester où il fut inhumé. Berkeley combattit à Crécy et mourut en 1361. Son effigie ornant l’église voisine manifeste pour le moins une piété bien suspecte.
Comme je vous le disais, la famille est très présente en Angleterre. Les générations suivantes de la famille manifestèrent toutes un grand amour de la chasse (faisant parfois courir leurs chiens de meute du château jusqu’à Londres). Ils soutinrent également leur médecin, Edward Jenner, qui fut le pionnier de la vaccination contre la petite vérole, et furent même les premiers à faire vacciner leurs enfants. Vingt-quatre générations de Berkeley ont vécu dans ce château. Ils ont même donné leur nom à un quartier londonien, Berkeley Square, ainsi qu‘à l’université californienne de Berkeley.
Si vous n’êtes pas féru d’Histoire comme moi, alors je finirai ce billet et vous invitant à découvrir le vol en hélicoptère, qui est une excellente manière de redécouvrir la beauté du paysage. Pour plus d’informations, allez sur le site de cette expérience de baptême en hélicoptère et retrouvez toutes les infos.

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avril 23, 2018 · Non classé · (No comments)

En droit public, la légitimité provient de la « conformité d’une institution à une norme supérieure juridique ou éthique, ressentie comme fondamentale par la collectivité qui fait accepter moralement et politiquement l’autorité de cette institution ». Mais, plus généralement, est légitime ce qui mérite « d’être pris en considération […] comme [étant] fondé sur des données (besoins, aspirations, etc.) tenues pour normales relativement à un certain état moral et social». Du point de vue des relations unissant le législateur aux groupes de pression, la légitimité fait l’objet d’un échange, et constitue, de ce fait, un puissant facteur d’interdépendance entre eux. Le soutien exprimé par un groupe en faveur d’une proposition législative ou réglementaire contribue ainsi à renforcer la légitimité de la proposition elle-même, mais également celle de son auteur. Concernant le premier point, M. Braud a relevé que : « quelles que soient les mesures finalement arrêtées, il est bon de pouvoir les présenter comme ayant fait l’objet de vastes discussions préalables ; cela ne peut que renforcer leur légitimité et, dans certains cas, désamorcer par avance des critiques ou des résistances ». En outre, le soutien manifesté par un groupe de pression attache une crédibilité supplémentaire à la proposition, en témoignant de son adéquation avec les besoins rencontrés par les destinataires de la norme. En second lieu, il est également possible d’identifier un bénéfice en termes de légitimité pour les autorités politiques elles-mêmes. Ainsi, Mme Mazey et M. Richardson ont relevé que «l’implication systématique de groupes, notamment dans la formulation des propositions de la Commission, a beaucoup à voir avec le déficit de légitimité de la Commission ». Pour certaines institutions dénuées de réelle légitimité au regard des critères classiques de la démocratie représentative, la relation avec les groupes de pression présenterait par conséquent le mérite d’offrir une légitimité de substitution, de nature fonctionnelle. Plus spécifiquement, il est possible de constater que, dans certains domaines, des acteurs du jeu politique font état du soutien de groupes de pression dans le but d’apparaître comme les défenseurs des intérêts en question, et de faire rejaillir sur eux une partie du prestige social attaché à ces groupes. Ainsi, tout se passe comme si un véritable emprunt de légitimité était réalisé au profit de ces acteurs politiques, l’un des enjeux étant pour ces derniers d’accroître leur visibilité médiatique et d’améliorer leur image, sans préjuger, bien entendu, de leurs convictions personnelles.