En permettant d’éviter des hospitalisations, la télésurveillance des malades chroniques grâce à des dispositifs connectés apparaît comme la forme de télémédecine la plus prometteuse. Dans le cadre du programme européen « Mieux respirer » (juin 2007 – février 2009), l’hôpital universitaire d’Odense au Danemark a mis en œuvre une expérimentation de télésurveillance de patients atteints de broncho-pneumopathie chronique obstructive. Afin d’éviter des hospitalisations de surveillance de longue durée (qui concernent chaque année 300 à 400 patients), un dispositif de télésurveillance comprenant des moyens de vidéo-conférence ainsi qu’un bouton d’appel en cas d’urgence a été mis en place au domicile des patients. Au vu de cette expérience et d’autres, une grande partie des patients qui relèvent de pathologies chroniques, lourdes et parfois invalidantes, soit en France 11 millions de personnes en affection de longue durée, dont l’état de santé est à l’origine de 60 % des dépenses d’assurance maladie, pourraient bénéficier à terme d’une télésurveillance de leurs paramètres de santé à un moment ou l’autre de leur parcours de soins. À la demande de la Cour, l’ATIH a identifié pour trois maladies chroniques (diabète, insuffisance rénale, insuffisance cardiaque) le nombre de séjours hospitaliers publics ou privés dont le seul motif était la surveillance, sans autre acte médical classant. Environ 100 000 séjours de ce type ont pu être identifiés sur l’ensemble de l’année 2015. Cette approche pourrait s’étendre à d’autres hospitalisations de surveillance, liées à des pathologies (insuffisance respiratoire) ou faisant suite à des interventions chirurgicales effectuées en ambulatoire. Selon une étude, le développement de la télésurveillance pourrait permettre de réaliser une économie pouvant aller jusqu’à 2,6 Md€, au titre de trois pathologies (diabète traité par insuline, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale) et d’un facteur de risque (hypertension artérielle). Ce montant agrège les dépenses évitées de séjours hospitaliers, de séances de dialyse, de consultations et de transports sanitaires. Il intègre aussi notamment l’incidence favorable de la prévention de complications sous l’effet d’un repérage plus précoce des signes de dégradation de l’état de santé des patients. Une autre étude, portant sur un réseau de télémédecine de prise en charge des plaies complexes, déployé dans les anciennes régions de Basse Normandie et de Languedoc-Roussillon, a évalué les dépenses d’hospitalisation évitées à près de 4 600 € par patient sur neuf mois. Le passage de la dépense d’hospitalisation évitée à une économie effective n’est cependant ni immédiat, ni aisé. En effet, pour l’établissement de santé, la perte de recettes liée au séjour non réalisé ou raccourci doit être compensée par une suppression des coûts directs comme indirects d’hospitalisation.
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