Les enseignants intervenant en éducation prioritaire sont moins expérimentés que ceux qui interviennent dans les établissements en secteur ordinaire. Sur la dernière décennie, le nombre de ces enseignants peu expérimentés (moins de 30 ans) a, de plus progressé dans l’éducation prioritaire. Dans le premier degré, en 2015, 26,3 % des enseignants de l’éducation prioritaire avaient moins de 30 ans, contre à peine 21,7 % en 2008. La recherche a montré que le sentiment d’efficacité personnelle d’un enseignant exerce une influence importante sur un grand nombre de variables intervenant dans la réussite des élèves et que ce sentiment est associé à son expérience professionnelle. L’enquête TALIS 2013 montre que ce lien est particulièrement fort en France pour les enseignants de collège. Affecter de jeunes enseignants, à la sortie de leur formation initiale dans des établissements difficiles, c’est donc, sans préjuger de leurs compétences initiales ni de leur motivation, prendre le risque de confier la responsabilité de missions complexes à des néo-titulaires, sans expérience professionnelle ou presque. La part des enseignants de moins de trente ans affectés dans un établissement relevant de l’éducation prioritaire est supérieure à celle de l’ensemble des enseignants : 26,3 % dans le premier degré, 20,1 % dans le second degré en éducation prioritaire à la rentrée 2014 (Bilan social 2014-2015 du MENESR). Ces pourcentages s’élevaient à 21,7 % et 22,5 % à la rentrée 2008 (Bilan social 2008- 2009 du MENESR). Cette situation correspond en fait à une augmentation globale du nombre d’enseignants affectés en éducation prioritaire (liée au nombre croissant d’élèves scolarisés en éducation prioritaire), qui s’accompagne d’une proportion croissante de jeunes enseignants, notamment dans le 1er degré. De plus, il s’avère que les enseignants débutants ne souhaitent pas rester longtemps dans leur premier poste d’affectation. Dans le second degré, l’ancienneté est plus faible en éducation prioritaire que dans les autres établissements. Si un quart des enseignants exerce depuis moins d’un an dans un collège de l’éducation prioritaire, la moitié d’entre eux y exerce depuis 3 ans ou moins, contre 5 ans ou moins dans les autres collèges hors d’éducation prioritaire. (Bilan social 2014-2015 du MENESR). Des évolutions légèrement positives, apparues très récemment et encore à confirmer, pourraient être mises en lien avec la nouvelle politique indemnitaire conduisant à une meilleure rémunération des enseignants exerçant en éducation prioritaire entrée en vigueur à la rentrée 2015. Le niveau de demande de sorties de l’éducation prioritaire, apparaît en régression cette année mais reste très élevé : 70 % en 2016 contre 90 % en 2015 (conférence de presse de la rentrée 2016 de la ministre de l’Éducation nationale). Globalement, malgré ces quelques évolutions très récentes, le fort turnover des équipes pédagogiques dans l’éducation prioritaire nuit fortement à l’accompagnement pédagogique des élèves.
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